Anne Marie Bonnisseau habite Villejuif depuis de nombreuses années. Elle témoigne des nuisances liées à l’arrivée du grand Paris à Villejuif à travers un travail photographique.
Ils construisent partout, ils abattent de nombreuses petites maisons de banlieue, les immeubles poussent comme les champignons dans la forêt en automne.
Les camions toupie circulent.
Les grues dominent la ville dans toutes les directions.
Les trottoirs se ferment peu à peu aux piétons qui sont priés de faire des détours pour circuler.
Les trottoirs sont couverts de trous et de bosses qui rendent la marche aventureuse pour les vieux et les handicapés. Un minute d’inattention et la chute est assurée.
On nous parle d’allées vertes et d’éco quartiers mais on empiète sur les espaces verts et on coupe les arbres qui se trouvaient dans les jardins de l’hôpital Paul Guiraud et dans les jardins particuliers .
On nous parle de ville intelligente, à croire que le béton favorise l’intelligence.
Aucun habitant n’a été consulté pour ces transformations profondes de son cadre de vie. On se contente d’afficher que « la circulation est difficile à Villejuif pour plusieurs années ».
Nous sommes là, toujours là, mais nous ne comptons pour rien devant le fric que vont empocher les promoteurs dans toutes les villes de la couronne de Paris. Et attention les prix de l’immobilier augmentent, les logements vont être accessibles à certains mais pas à d’autres. On va en finir peu à peu avec le mélange très riche et bigarré des habitants de notre ville.
Anne Marie a voulu traduire ses sensations devant cette transformation par des montages photographiques qui superposent ces espaces en construction avec des arbres, des plantes.
Elle a introduit sur certaines images des petits jardins de banlieue avec leur population de nains, de poupées et d’objets divers, jardins entretenus amoureusement par leurs habitants. Ils sont peu à peu effacés du paysage ces dernières années.