Dix-huit grands et beaux arbres quasi centenaires, platanes, frênes, des abords du Château de Vincennes, ont été abattus sous cordon policier, au petit matin du 5 septembre dernier, jour de rentrée, en toute hâte et sans avertissement : un scandaleux désastre écologique en vue d’un réaménagement paysager que personne n’avait demandé !
Rien n’a pu arrêter la violence de ces destructions, créant un émoi populaire, associatif, médiatique majeur. Les souches ont été arrachées immédiatement, les troncs évacués, les trous ensevelis sous la terre, les copeaux, sous les yeux des habitants abasourdis et impuissants.
Notre courriel pour demander l’arrêt des abatteuses, envoyé instantanément aux autorités, à la préfecture du Val de Marne et à la mairie de Vincennes est restée sans réponse.
La contestation contre ce projet était pourtant forte mais le dialogue démocratique était resté impossible. L’opposition politique s’était manifestée, celle des écolos de la Ville de Paris et de Vincennes dans de vaines tentatives afin de contrer ce projet rétrograde. Des alternatives avaient été proposées sans succès, afin de paysager une nouvelle entrée côté Bois qui en aurait utilement bénéficié.
Plus rien ne justifie aujourd’hui d’abattre des arbres anciens pour replanter, même massivement. Ces attitudes sont irresponsables. Selon le grand botaniste Francis Hallé : Abattre de vieux arbres pour les remplacer par quelques dizaines de jeunes arbrisseaux est une vaste arnaque, une « triple arnaque : « Patrimoniale, car le vieil arbre était considéré comme un monument aux yeux des habitants. Financière, car le vieil arbre ne coûtait rien, tandis que les dix jeunes vont coûter très cher, à planter et à entretenir. Enfin écologique, car il faudra 25 ans pour que les 10 jeunes arbres remplaçant le vieux atteignent une performance équivalente en matière d’épuration atmosphérique. »
L’académie des Sciences recommande, elle aussi, avant tout de préserver les arbres anciens.
Rien ne soutient plus aujourd’hui donc le principe de compensation dans des projets de réaménagements paysagers : Il est impossible, rétrograde et nuisible d’abattre et de prétendre « remplacer » des arbres. Ces vieux arbres, il faut les entretenir, les soigner et s’ils deviennent dangereux, les abattre ou les accompagner dans leur dépérissement, les étayer, les protéger dans un périmètre de sécurité, surtout lorsqu’ils existent depuis longtemps. Quant aux projets paysagers, il faut trouver des lieux nouveaux à désartificialiser pour les renaturer.
Nos associations avait porté un recours auprès de la préfecture dès janvier 2024. Une manifestation pour la défense des arbres du Château était prévue le 14 septembre au Bois de Vincennes, les travaux d’aménagement étant annoncés pour l’automne. Cette contestation légale a-t-elle provoquée en retour cette stratégie barbare de la terre brûlée ?
Ces abattages en série sont une honte autant qu’une menace pour la santé des franciliens, déjà bien mise à mal, avec l’effondrement de la biodiversité du territoire. Ils ne resteront pas impunis : Des actions en justice contre le permis d’aménager, la légalité de ces abattages se préparent.
La manifestation du 14 septembre est plus que jamais nécessaire afin d’empêcher la suite de ces abattages irresponsables !
RDV le 14 à 14h devant l’entrée du Château de Vincennes
Christine Nedelec 0684186521 France Nature Environnement Val de Marne
Marie-Noëlle Bernard 0640359963 Groupe National de Surveillance des Arbres Bois de Vincennes